Dépliant "Jeunes !", janvier 1965
Le 23/05/2017 à 13h29 par Anonyme
Résumé

En 1965, la Commission confédérale Jeunes lance un dépliant d'information à destination des jeunes travailleurs.

Dépliant "Jeunes !", édité par la Commission Jeunes CFDT, en janvier 1965 (CFI/20/219).

 

 

Présentation du document 

 

Lors de la séance du Conseil confédéral du 27 février 1965[1], Eugène Descamps, alors Secrétaire général de l’organisation, ouvre les discussions par une présentation des activités de la Commission confédérale Jeunes (CCJ). Il débute son allocution en déplorant que « 400 000 jeunes entrent […] au travail chaque année sans avoir d’idée bien précise sur le syndicalisme »[2]. La question des jeunes travailleurs est alors un enjeu majeur pour la toute jeune CFDT. Outre les réunions et sessions d’études, dispensées au centre de formation de Bierville, plusieurs supports de communication sont proposés ; l’objectif est de toucher plus largement les milieux des jeunes travailleurs afin, comme le rappelle Eugène Descamps « d’y recruter les militants dont le mouvement a besoin ».

 

C’est dans cette optique que la Commission confédérale Jeunes, coordonnée depuis 1964 par Norbert Alisé, publie, à une large échelle, un dépliant à destination des jeunes. Ce dépliant, édité en janvier 1965, est proposé à l’achat -au prix de trois centimes pièce- auprès des différentes organisations de la CFDT. Listant les principales revendications portées par la CCJ, ce document connaît un certain succès, puisqu’au mois de juin 1965, 175 000 exemplaires sont déjà écoulés. La demande croissante des organisations convainc le service Économat de la CFDT de lancer une campagne de réimpression, en octobre de la même année. En parallèle est lancée une enquête sur « Les jeunes et le syndicalisme ».

 

 

Dépliant "Jeunes !", édité par la Commission Jeunes CFDT, en janvier 1965 (CFI/20/219).

 

 

Le dépliant, composé de six pages, développe un argumentaire illustré par les difficultés spécifiques aux jeunes travailleurs. Le texte est une synthèse des réponses à une précédente enquête, lancée en 1963, par la Confédération. Au-delà du bulletin d’information, le document est envisagé comme un objet de « propagande »[3] à l’occasion des élections professionnelles ou lors d’une campagne d’adhésion.

 

 

Dépliant "Jeunes !", édité par la Commission Jeunes CFDT, en janvier 1965 (CFI/20/219).

 

 

Les pages centrales du dépliant font dialoguer les problèmes et aspirations quotidiennes des jeunes travailleurs avec les revendications portées par la CFDT. Dans la démarche de la CCJ, la Confédération doit porter le message d’un « syndicalisme actualisé » à la fois dans son message et dans son action. Ici, le choix d’une typologie et d’une couleur marquées (le orange), le langage utilisé sont autant d’outils visant à « accrocher les jeunes » comme l’exprime la Commission dans son entrevue avec le Bureau confédéral, en juin 1965. En mettant en avant les questions à la fois économiques (la recherche de travail, la formation professionnelle, les conditions de travail) et sociales (accès à la culture, défense d’un niveau de vie décent, revendication de la « justice et de l’égalité pour tous dans tous les domaines »), ce dépliant souligne la volonté, pour la CFDT, d’envisager le syndicalisme comme un accompagnement et une aide à l’expression des jeunes. En indiquant que l’adhésion permet au jeune travailleur « d’exprimer [ses] idées, [ses] problèmes, d’agir avec la CFDT pour améliorer [ses] conditions de vie », ce document confirme la tendance, interne à la Confédération, à donner plus de poids à la question des « jeunes » dans l’action revendicative. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, en 1965, un deuxième poste permanent est créé pour la CCJ.

 

 

Dépliant "Jeunes !", édité par la Commission Jeunes CFDT (CFI/20/219)

 

 

La Commission confédérale Jeunes à la CFDT

 

Bien que peu relayée, la prise en compte des préoccupations des jeunes est relativement ancienne à la CFDT. Ainsi, le congrès de 1957 voit naître un bulletin d’information « Jeunes » et des sessions de formation, à Bierville (Essonne), pour les jeunes militants sont organisées dès 1953. La Commission confédérale Jeunes (CCJ), présidée par René Bonéty, porte sa réflexion sur des sujets tels que la formation professionnelle, l’enseignement, les contrats d’apprentis, le logement… Son importance au sein de la Confédération est cependant toute relative, tout comme les autres commissions en charge des problèmes féminins ou de l’action politique. Elles ont une visibilité au niveau parisien mais sont peu connues des structures et unions locales. La mise en place des secteurs, en 1958, n’apporte pas de réel changement à la CCJ, même si l’on note l’importance grandissante du bulletin d’information éponyme et la multiplication des actions à propos des apprentis, des soldats (guerre d’Algérie), ou encore la participation à des organismes comme le Haut comité de la Jeunesse ou la Commission armée-jeunesse…

 

L’élection d’Eugène Descamps au poste de Secrétaire général, en 1961, inaugure un tournant dans l’organisation de la Confédération. Alors que s’amorce la réflexion sur la réforme des structures (qui se poursuit jusqu’en 1970), les secteurs se formalisent un peu plus et pour certains, voient leurs effectifs se renforcer. C’est notamment le cas du secteur Action professionnelle et sociale, qui se divise en plusieurs « pôles ». En 1962, Roger Tarnaud supervise à la fois les questions relatives à la formation professionnelle et celles des jeunes. Ces dernières sont dévolues, à partir de 1964, à Norbert Alisé, à mesure que la prise en charge des jeunes travailleurs par le syndicalisme grandit. Les années 1960 sont alors une période clé pour les mouvements de revendications de la jeunesse. La proposition de réforme du service militaire est une idée dont les syndicats et organisations étudiantes (Jeunes communistes, UNEF…) s’emparent rapidement. La toute jeune CFDT comprend dès lors la nécessité d’intégrer durablement les jeunes dans le plan de travail confédéral alors qu’on «assiste à la naissance d’une conscience collective des jeunes, phénomène entièrement nouveau»[4]. La jeunesse est vue par le mouvement syndical comme une opportunité de renouvellement, alors que s'annoncent les prémices de mai 1968.

 

La CCJ pense son action auprès des jeunes travailleurs sur le temps long puisqu’au terme d’une lettre adressée à Eugène Descamps, Norbert Alise s’interroge sur la mise en place d’une manifestation confédérale spécifique. Piste que l’on retrouve de nos jours, avec l’organisation, en 2015, du Working time festival, évènement de rassemblement et de réflexion à destination des jeunes.

 

 

Pour aller plus loin

 

  • GEORGI Frank, L’invention de la CFDT 1957-1970, CNRS Editions/Les éditions de l’Atelier, 1995, 651 p.
  • CH/7/224-CH/7/231 : La CFDT et les jeunes (1955-1970).
  • CP/16 : fonds René Bonety (1970-1977).

 


[1] Conseil confédéral, séance du 27 janvier 1965 (CG/7/81). A partir de 1953, Le Conseil confédéral, composé de 44 représentants élus parmi les organisations CFDT, assure la direction permanente de la Confédération et se réunit tous les deux mois.

[2] Compte rendu de l’entrevue de la CCJ avec le Bureau confédéral, 11 juin 1965 (CH/7/225). Le Bureau confédéral désigne l’exécutif confédéral. Élu au sein du Conseil confédéral et composé d’une dizaine de membres, il se réunit chaque semaine.

[3] Le terme de propagande est alors utilisé pour désigner la politique de communication syndicale. C’était le nom du service jusqu’en 1962 (secteur Propagande, problèmes féminins, jeunes).

[4] Réponse de la section syndicale du Crédit Lyonnais de Paris au rapport complémentaire (CH/7/224).

 

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