En 2017, le service des Archives de la CFDT a fait restaurer le tableau représentant Jules Zirnheld (1876-1940), premier président de la CFTC.
Histoire du portrait
Jules Zirnheld a été le premier président de la CFTC, entre 1919 et 1940. L'origine de la toile a pu être établie grâce à un communiqué de février 1939 transmis aux syndicats CFTC [1] ; il y est fait mention de la réalisation d'une toile : "Pour compléter l'ornementation de notre siège social, nous avons demandé au Maître portraitiste Jacques Kaplan de fixer, sur la toile, les traits de notre Président, Jules Zirnheld, tel que l'on si souvent acclamé de vastes auditoires populaires".
Son auteur est clairement identifié, grâce également à la signature en bas à droite du tableau. Il s'agit de Jacques Kaplan (1872-1949), peintre, graveur et dessinateur d'origine russe. Entré à l'Ecole des Arts décoratifs de Paris en 1885, il intègre à l'âge de seize ans les Beaux-Arts où il est élève de Bonnat. Portraitiste accompli, il est sollicité par les personnalités artistiques mais également par des femmes du monde et des hommes d'affaires, qui apprécient son style "photographique". Jules Zirnheld fait ainsi parti de ses clients.
Cette huile sur toile de grande taille (146 cm de haut sur 97,5 cm de large) a fait partie des biens dévolus à la CFDT en 1964. Elle a suivi la confédération au gré des immeubles parisiens occupés. Si son emplacement n'est pas toujours établi, elle occupe principalement le hall de réception ou le bureau du président de la confédération, puis celui de Secrétaire général. Lors de l'emménagement des archives dans leur local actuel, en 1991, le tableau y est transféré afin d'y être conservé. L'occasion est de constater que les années et les déménagements successifs ont dégradé la toile (déchirures, abrasement de la peinture, poussière accumulée...). C’est pourquoi, en 2017, la toile a été restaurée et qu’un nouvel encadrement a été réalisé.
Maurice Bouladoux décorant Madeleine Tribolati membre de l’Union régionale parisienne, locaux CFTC rue de Montholon à Paris ; [années 1950] (CEB/1/455)
Bernard Weitz / Coll. Archives CFDT
Intervention de Simone Trosgrois lors de la journée nationale féminine sur le travail des femmes, rue de Montholon à Paris le 9 juin 1952. Au centre la présidente Madeleine Tribolati. (CE/2/1952/8807)
Droits réservés / Coll. Archives CFDT
Restauration du tableau[2]
La restauration du tableau s'est déroulée en plusieurs étapes successives. La première a été consacrée au dépoussiérage de la toile et du châssis arrière. Cette étape est extrêmement importante puisque la présence de débris tombés entre la toile et le châssis est un terreau fertile pour les moisissures et les insectes. Une aspiration a ensuite été réalisée. Puis, la toile a été décrassée à l’aide d’un coton imbibé d’un mélange de solvants. Exposée à l'air libre et à la lumière pendant des décennies, elle avait emmagasiné les polluants atmosphériques (tabac, fumées, graisses...) et la saleté environnante. La troisième étape, dans le prolongement de la précédente, a consisté en l'allègement du vernis (Jacques Kaplan avait pour habitude d'apposer sur ses œuvres une épaisse couche de vernis), qui s'était oxydé au fil du temps, teintant la toile d'un voile brun-orangé. Cet allègement a permis de révéler la véritable tonalité des couleurs, dans des teintes pastels plus douces que ne le laissait penser la saleté accumulée. Par la suite, des réparations ont été réalisées, à savoir la reprise des déchirures et le masticage des lacunes. Enfin, la toile a été recouverte d'un vernis de protection incolore.
La toile était à l'origine enchâssée dans un cadre en bois à moulures, recouvert de feuilles dorées. Celui-ci étant trop endommagé, le choix a été fait de réaliser un encadrement plus moderne et plus discret, dit "caisse américaine", de manière à mettre en valeur le travail de Jacques Kaplan. La toile restaurée est actuellement visible en salle de lecture des Archives de la CFDT, au 47-49 avenue Simon Bolivar.
Pour aller plus loin
[1] "Comité pour deux réalisations : mémorial de nos morts, les militants tombés au champs d'honneurs du travail et de l'action syndicale ; hommage à un grand vivant : le président Jules Zirnheld", séance du Bureau confédéral du 19 février 1939 (CG/3/2)
[2] Toutes les données techniques sont issues du rapport d’intervention rédigé par Fleur Foucher (conservation-restauration de peintures, atelier Hylé)
[3] Stéphane-Joseph Piat (1899-1968) : franciscain, missionnaire du travail du diocèse de Lille.