Nous vous conseillons cette semaine la lecture d'une monographie sur la vie de Jean Lannes, syndicaliste CFTC puis CFDT bayonnais.
Il arrive régulièrement que des militantes et militants écrivent leurs mémoires, sources inépuisables d'informations et de compréhension de l'histoire sociale, sociétale et économique française, tant au plan national que local. Cette fois-ci c'est le gendre de Jean Lannes, Lionel de Taillac, ancien directeur du travail et membre du Comité d’histoire des administrations chargées du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle (CHATEFP), qui écrit sur son beau-père. Il rappelle, à travers son parcours, le rôle qu'a eu Jean Lannes à la CFTC, de 1946 à 1974, notamment son rôle de "reconstructeur".
Crédit : Photo Hubert. s.d. Coll. Archives CFDT
« Il suffit quelquefois d’un rocher bien placé pour corriger le cours du fleuve ».
Jean Lannes avait fait sienne cette phrase du philosophe Emmanuel Mounier.
Nous reprenons ci-après les mots de M. de Taillac : "Né en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, Jean Lannes traverse ce terrible « siècle de fer » comme responsable syndical. De 1946, où il s engage dans la « vieille » CFTC à Bayonne, en passant par la Fédération de la métallurgie, dont il devient l'un des principaux responsables entre 1951 et 1971, jusqu’à l'Aquitaine, dont il sera le délégué régional pendant dix ans, Jean Lannes contribue à transformer la CFTC et à construire la nouvelle CFDT.
Avec ses amis Paul Vignaux, du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN), Charles Savouillan, René Mathevet, de Saint-Étienne, Marcel Gonin, Jean Maire, de Franche-Comté, Gilbert Declercq, de Loire-Atlantique, tous de la Métallurgie, Albert Détraz, de la Construction, Paul Marion, de la Chimie, René Hennebicq, de l'Énergie, et bien d'autres, il joue un rôle de premier plan dans les années 1950 au sein du mouvement Reconstruction et du groupe des minoritaires de la CFTC. Ces militants issus de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), déjà aguerris au combat, entendent bâtir un nouveau type de syndicalisme, suffisamment efficace pour porter les revendications ouvrières sans subir d influences extérieures, Église institutionnelle comme partis politiques.
Au cours des vingt-huit années de vie syndicale de Jean Lannes, la société française affronte une série de secousses et de crises majeures : la dépression apparue dans le pays à la fin de 1931, « l'embellie » du Front populaire en 1936 puis sa triste fin, la déroute de juin 1940 et les horreurs nazies de la Seconde Guerre mondiale, la Libération et l’espoir de la reconstruction du pays, les « Trente Glorieuses » et le développement de l’’industrie qui l’accompagne, la mondialisation de l’économie. Quand il quitte la scène, en 1974, débutent le déclin de l’industrie et la tertiarisation, les licenciements économiques, les précarités et le chômage de masse, les difficultés du syndicalisme… À travers sa vie riche et mouvementée, nous n’abordons pas seulement l’histoire du syndicalisme et de la CFTC-CFDT et l’histoire sociale du pays. Nous croisons aussi celle de l’Église, de la gauche en France, de l’Aquitaine et du Pays basque.
Notre présentation a pour objet de connaître et de comprendre l’itinéraire syndical de Jean Lannes, qui présente une grande cohérence. Elle porte sur la période s’étalant de 1946, date de son adhésion à la CFTC, à 1974, où il cesse tout mandat syndical."
Pour aller plus loin :
- biographie Maitron de Jean Lannes
- monographie de Jean Lannes écrite par Lionel de Taillac
Bonne lecture !