Publié de 1937 à 1955, École et Éducation, premier journal du SGEN est un marqueur de la laïcisation de la CFTC et marque tôt la volonté d'un enseignement ouvert, unifié et rénové.
En 1928, Paul Vignaux et Guy Raynaud de Lage, normaliens de la rue d’Ulm, se font connaître de la CFTC par l’organisation d’une collecte de soutien aux grévistes du textile d’Halluin (Nord). Parallèlement, des instituteurs catholiques issus des écoles normales de la Seine, menés par Guy Giry, prennent contact avec l’association syndicale des fonctionnaires de la CFTC.
Alors que les années 1930 sont marquées par la montée des régimes totalitaires, la xénophobie, l’antisémitisme, les guerres et tensions internationales, Paul Vignaux s’engage dans les mobilisations antifascistes (pétitions pour l’Ethiopie dans le contexte de la seconde guerre italo-éthiopienne, rassemblement universel pour la paix) et l’aide aux syndicalistes catholiques réfugiés d’Allemagne, d’Autriche et de Tchécoslovaquie.
Constatant les orientations pro-franquistes de l’Union nationale des membres de l’enseignement public, il cherche à en préserver les enseignants catholiques en fondant avec Guy Raynaud de Lage et autour d’universitaires et instituteurs, un syndicat général, c’est-à-dire groupant tous les personnels du Ministère de l’Éducation nationale et tous les corps enseignants. Solidaire du monde ouvrier et se définissant laïque dans ses statuts, le SGEN (Syndicat général de l’Éducation nationale) choisit de s’affilier à la CFTC à sa création, le 8 novembre 1937. Dès le mois suivant, il publie le premier numéro de son journal, École et Éducation.
Une du premier numéro de École et Éducation, novembre-décembre 1937.
Bulletin du Syndicat général de l'Éducation nationale (SGEN). Coll. BnF.
Dix-sept numéros sont publiés avant le début de la Seconde Guerre mondiale (décembre 1937-juillet 1939). Le 9 novembre 1940, le gouvernement de Vichy fait publier un décret annonçant la dissolution immédiate des centrales syndicales. Dès le 15 novembre 1940, douze responsables des deux centrales syndicales françaises (CFTC et CGT) signent un texte, dit Manifeste des douze, qui fait publiquement acte de protestation contre le régime mis en place par Pétain et annonce l’entrée en résistance des syndicalistes français.
Quatre numéros, sont publiés entre décembre 1939 et avril 1940. Cependant, il faut attendre les mois qui suivent la Libération, en décembre 1944, pour voir la publication d’une nouvelle série de École et Éducation.
En parallèle et à partir de 1946, Paul Vignaux et le SGEN sont à l'initiative de la création du groupe « Reconstruction », groupe de réflexion qui accompagne l'évolution de la CFTC en CFDT jusqu'en 1964. La laïcité, question récurrente de l'histoire de l'enseignement, conduit le SGEN à affirmer à plusieurs reprises, notamment dans sa publication, sa volonté d'un enseignement ouvert, unifié et rénové.
Après dix-huit années de diffusion, en octobre 1955, le titre prend le nom de Syndicalisme universitaire et poursuit la numérotation en cours. À ce dernier titre succède finalement, en février 1990, Profession Éducation, la publication actuelle du SGEN-CFDT.
Pour aller plus loin :
FSP : Publications du SGEN (depuis 1944)
FS/30 : Instances statutaires du SGEN (depuis 1937)
FS/1 : Politique éducative du SGEN pour les 1er et 2nd degrés (depuis 1937)
FSA : Affiches du SGEN (depuis 1957)
CP/14, CP/24 : fonds Paul Vignaux (1941-1990)