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Solidarité avec le Chili (1973)

Solidarité avec le Chili (1973)

Le 11 septembre 1973, le gouvernement socialiste d'Allende est renversé par un coup d'Etat militaire. Le congrès national, les conseils municipaux ainsi que les syndicats sont dissous. La CFDT engage une politique d'aide au peuple chilien.

Le contexte

Depuis le début des années 1960, la CFDT a montré un vif intérêt pour les mouvements sociaux d’Amérique latine et a cherché à se lier aux syndicats d’Argentine et du Brésil notamment. L’arrivée au pouvoir du gouvernement d’unité populaire d’Allende, au Chili, fin 1970, est pour la CFDT synonyme d’espoir de voir se réaliser une démocratie véritablement socialiste. En pleine période de Guerre Froide, le 35ème congrès confédéral est l’occasion pour la CFDT d’affirmer son rejet d’un syndicalisme d’alignement et son souhait de coopération internationale. Ainsi, la Confédération observe de près la situation chilienne tout en apportant son soutien concret dès 1971 à la CUT (Confédération unifiée des travailleurs chiliens). La même année, elle intègre le Comité de soutien à l’unité populaire, aux côtés d’autres organisations syndicales et politiques françaises (CGT, PCF, PS et PSU), notamment grâce à René Salanne, alors en charge du secteur International. De ce fait, lors de l’aggravation de la situation économique et sociale au Chili au début de l’année 1973 (hausse de l’inflation, grèves, instabilité gouvernementale…), la CFDT est en première ligne pour encourager les organisations à exprimer leur solidarité. Dans un article paru dans Syndicalisme Hebdo en date du 5 juillet 1972 intitulé « Chili et Uruguay : mobilisation populaire », la confédération affirme son inquiétude suite à la tentative ratée de putsch militaire à Santiago, le 29 juin : « La CFDT a assuré le peuple chilien, les travailleurs et les dirigeants de la Centrale unique des travailleurs […] de son entière solidarité dans la lutte contre […] l’impérialisme et pour la victoire des forces populaires dans la voie chilienne du socialisme ».

Le document

Une action est menée dès le lendemain du putsch du 11 septembre 1973 afin d’assurer la protection des militants syndicaux en fuite. La circulaire présentée ici est un compte rendu de René Salanne sur les actions déjà menées ou en cours au 18 septembre. Il rappelle notamment que dès le 12 septembre, la CFDT a pris place dans la manifestation parisienne devant l’ambassade chilienne, Edmond Maire se trouvant aux côtés de Georges Séguy, mais aussi de François Mitterrand, Michel Rocard, ou Georges Marchais. De même, la Confédération a répondu favorablement à l’arrêt de travail lancé par la CGT le 17 septembre.

Auparavant, comme le rappelle René Salanne, « La Confédération a reçu une délégation représentative du Parti Socialiste chilien » qui leur a transmis des informations sur « la réalité et l’organisation de la résistance populaire chilienne ». Tout au long de la dictature, la CFDT entretient des liens avec des Chiliens (en France et sur place) et vient en aide aux militants pourchassés[1]. Cela se traduit par l’envoi de « médicaments et de matériels sanitaires ». René Salanne insiste d’ailleurs sur ce dernier point : « l’accent doit être mis sur la solidarité matérielle qui doit se traduire par l’organisation de collectes massives ». Ainsi, une caisse commune aux organisations membres du Comité est mise en place afin de centraliser les dons. Cet argent sert notamment à une aide politique : « développement d’une contre information » face à la propagande des putschistes. Dans cette optique, René Salanne indique que les appels répétés (lettres ouvertes, articles, communiqués…) aux autorités françaises sont nécessaires afin qu’elles ne reconnaissent pas le régime de Pinochet comme un gouvernement légitime. Cet engagement en faveur du Chili est alors sans commune mesure dans l’action internationale de la CFDT, qui ne cessera de rappeler, dans les années qui suivent, son engagement pour la libération du peuple chilien.

Pour aller plus loin

  • ROCCATI Claude, Un internationalisme entre discours et pratiques. La politique internationale de la CFDT (1964-1988), thèse de doctorat, deux tomes, 2014, 769 p.
  • Série CDIE : archives de l’ancien département International et Europe.
  • Série CH : archives du Secrétariat confédéral.
  • Le musée de la mémoire et des droits humains (Santiago, Chili) comportant notamment des reproductions de documents issus des archives de la CFDT.

Notes

[1] Situation que l’organisation avait déjà expérimentée en 1964 durant la dictature brésilienne.

Texte initialement publié le 18 décembre 2017 par Marie-Eugénie Mougel.

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