Archives de Bernard Georges

  • Présentation du contenu :

    Le fonds regroupe les archives inhérentes aux activités professionnelles, syndicales et personnelles de Bernard Georges. La première partie concerne les activités de Bernard Georges au sein d'organisations de jeunesse chrétienne : la Jeunesse indépendante chrétienne (JIC) et l'Association catholique de la jeunesse chrétienne (ACJF). On y retrouve notamment les comptes rendus d'instances statutaires, ainsi que de nombreuses notes renseignant sur les mouvements de la gauche chrétienne. Une seconde partie revient très brièvement sur son activité de professeur d'histoire-géographie. La troisième partie est consacrée à l'Allemagne, thème cher à Bernard Georges. On y retrouve par exemple les courriers échangés avec des personnalités du syndicalisme et de la gauche allemande, ainsi qu'un certain nombre de notes synthétiques sur les mouvements de paix et le désarmement. L'inventaire revient ensuite sur les activités de Bernard Georges au sein du SGEN et des groupes Reconstruction. Proche de Paul Vignaux, qui lui écrit souvent pour la gestion de Reconstruction, Bernard Georges participe aux instances statutaires du SGEN, au travail des groupes Reconstruction et de la minorité CFTC, abordant dans ses notes et rapports des thèmes divers tels que la question de la laïcité et la déconfessionnalisation, le conflit algérien&

    La dernière partie, enfin, revient sur les travaux de recherches effectués par Bernard Georges pour la rédaction de la biographie de Léon Jouhaux (deux tomes parus en 1962 et 1979). Elle est constituée à la fois des papiers de Léon Jouhaux (archives personnelles et documents de la CGT) confiés par sa veuve à Bernard Georges, et des notes prises par ce dernier dans le cadre de son travail d'écriture. Cette dernière partie de l'inventaire permet de retracer à la fois l'histoire de Léon Jouhaux, particulièrement durant la Seconde Guerre mondiale, mais aussi de suivre le cheminement intellectuel de Bernard Georges.

  • Date :

    1917-1999

  • Description physique :

    Importance matérielle : 1.8 ml, 41 article(s)

  • Cote :

    CP/29/1-CP/29/41

  • Langue : Française, anglaise, allemande et russe.

  • Organisme : Archives CFDT, 47-49 avenue Simon Bolivar, 75019 Paris
  • Origine : Georges Bernard
  • Biographie ou Histoire :

    Bernard Georges nait le 8 novembre 1922 à Nancy. Aîné d'une fratrie de six enfants, il grandit dans un milieu de sensibilité démocrate-chrétienne. Il s'engage dès son adolescence en militant notamment au sein du Parti démocrate populaire et dans différentes associations. Il obtient son baccalauréat lorsqu'éclate la seconde guerre mondiale; il étudie ensuite le droit et la littérature à Nancy, avant d'obtenir une licence d'histoire en 1943. Grâce à l'aide d'un médecin et le soutien de l'académie, il réussit à se faire réformer afin d'échapper au Service du travail obligatoire (STO) en 1943. Durant les années de guerre, il est nommé au collège de Bruyères, dans les Vosges, avant de revenir à Nancy où il occupe le poste de délégué rectoral jusqu'en 1945.

    Militant de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) puis de la Jeunesse indépendante chrétienne (JIC), il s'illustre durant l'Occupation. Investi dans l'organisation de colonies de vacances pour les enfants nancéiens défavorisés, il participe au sauvetage de nuit de 80 enfants bloqués derrière les lignes allemandes. Cet acte lui vaut d'être décoré, en 1945, de la Croix de guerre. Peu après, il participe à la reconstitution des sections Meurthe et mosellanes de la JIC et de l'Association catholique de la jeunesse française (ACJF) et à ce titre, est élu à la présidence de la JIC et au comité général de l'ACJF, l'obligeant à quitter la Lorraine pour Paris.

    En 1948, Bernard Georges décide de mettre fin à ses mandats associatifs afin de partir pour Chartres, où il est nommé adjoint d'enseignement. Occupant divers postes dans le corps professoral, il est tour à tour professeur à Bourges, puis à Châteauroux, avant de revenir à Paris, en 1956. Enseignant un temps à HEC (en 1966), il devient agrégé en 1973, et termine sa carrière en 1986. Dès lors, il se consacre à la recherche et à l'écriture.

    Dès les débuts de sa carrière dans l'enseignement, il décide d'adhérer au Syndicat général de l'Éducation Nationale (SGEN), où il apparait rapidement comme un militant actif. Très soucieux de la question de l'information des militants, il met en place avec d'anciens camarades de la JIC, parmi lesquels Max Lion, des Fiches documentaires abordant des thèmes d'actualité (décolonisation, mouvements pour la paix&). Cette publication attire rapidement l'attention de Paul Vignaux qui contacte Bernard Georges et l'invite avec ses camarades à intégrer le mouvement Reconstruction. Ensemble, ils se lancent avec les «minoritaires» de la CFTC dans la publication des Bulletins de Reconstruction.

    La question du devenir de l'Allemagne est suivie de près par Bernard Georges, durant ces années. Il œuvre au sein de l'ACJF à la reconstitution d'un mouvement de la jeunesse chrétienne allemande, mise à mal par le régime nazi. Profitant de sa bonne connaissance du pays, et de ses contacts dans les ambassades et au sein de la Deutscher Gewerkschaftsbund, Confédération allemande des syndicats (DGB) à Düsseldorf et à Berlin. Rencontrant des ressortissants de l'Allemagne de l'Ouest, il délivre une étude où il expose les risques de division au sein de la DGB, syndicat unique, alors que le pays est scindé entre la République démocratique allemande (RDA) et la République démocratique allemande (RFA). Son expérience et ses compétences dans le domaine l'amènent, en 1954, à devenir secrétaire du groupe d'études politiques au sein de Reconstruction. Il est, dans les années qui suivent, un des artisans majeur de la lutte de la minorité contre la ratification du traité mettant en place la Communauté européenne de défense (CED). Publiant de nombreux articles sur le sujet, il signe avec Paul Vignaux un texte s'y opposant (26 août 1954); leur action n'a malheureusement que peu d'influence sur le déroulé des négociations qui aboutissent à la création de la CED. C'est toutefois l'occasion pour les deux hommes d'entretenir une correspondance régulière. En parallèle de son investissement dans la question du devenir allemand, il se lance dans l'accompagnement des revendications syndicales auprès du monde politique.

    A partir de 1952, il fait son entrée au Comité national confédéral en tant que suppléant de Paul Vignaux, à la demande de ce dernier. L'objectif est de permettre à la voix des minoritaires de s'exprimer au sein des instances confédérales. Lors de la crise de 1952 entraînant la démission des membres de la minorité, ceux-ci décident d'envoyer aux organisations une lettre-circulaire rédigée par Bernard Georges et Albert Detraz. Renforcé dans son rôle au sein de l'organisation, Bernard Georges est élu au comité national du SGEN et officiellement désigné en tant que délégué de la fédération auprès des comités nationaux confédéraux, aux côtés de Paul Vignaux, alors secrétaire général fédéral. De ce fait, il participe à la rédaction des résolutions de congrès confédéraux, notamment en ce qui concerne les questions de coopération économique européenne. Il réitère également son souhait de collaboration entre la sphère politique et le combat syndical: lors des grandes grèves d'août 1953, il participe à la publication de notes d'information, dans lesquelles il regrette l'absence d'un débat parlementaire sur les revendications des travailleurs.

    Au sein du SGEN, il s'occupe plus particulièrement de structurer le rôle des unions départementales et la transmission de l'information aux militants. Impliqué dans la formation et la propagande syndicale, il s'engage dans le soutien aux revendications des jeunes militants. Il est notamment en charge de l'animation des «sessions de Bierville» à destination des jeunes militants entre 1952 et 1954. En avril 1954, il obtient le vote d'une motion relative à la situation en Indochine qui inquiète particulièrement les jeunes. Enfin, en 1955, il est en charge d'un rapport afin de promouvoir une vraie «politique de la jeunesse».

    La question de l'Algérie est une source de division non seulement au sein de la CFTC, mais également au sein du SGEN. Alors que le problème algérien est abordé à partir du congrès de Poitiers (1956), Bernard Georges est depuis longtemps impliqué du fait de ses nombreux contacts sur place (anciens membres de la JEC et amis du corps professoral). Son avis sur le sujet diffère de la ligne adoptée par la fédération, et des dissensions apparaissent avec le reste du bureau fédéral. Lors d'une rencontre organisée avec Pierre Mendès-France, il critique vivement la prise en charge de la crise tunisienne par le gouvernement, arguant qu'elle ne peut être isolée des autres problèmes rencontrés au Maghreb, et particulièrement en Algérie. Sa vision diffère de celle de Paul Vignaux, recommandant une attitude plus réservée afin de préserver l'unité du SGEN en métropole, quitte à perdre des adhérents en Algérie. Le secrétaire général critique notamment le texte proposé par Bernard Georges au congrès de 1956, où celui-ci s'attaque violement à la répression et au colonialisme.

    Ses positions tranchées sur la question algérienne, ainsi que ses critiques à l'égard de l'exercice trop personnel de la fonction de secrétaire général du SGEN valent à Bernard Georges d'être relevé de ses fonctions au sein du bureau fédéral. Paul Vignaux espère ainsi prévenir toute rupture en interne. Bien qu'il en a la possibilité, Bernard Georges ne fait pas appel de cette décision et préfère, tout comme certains de ses anciens collaborateurs de l'ACJF, se retirer de l'action militante.

    Il se tourne alors vers la recherche historique, et se consacre durant plusieurs années à la rédaction d'une biographie de Léon Jouhaux, secrétaire général de la CGT de 1900 à 1947. Il est aidé dans sa tâche par Denise Tinant et Marie-Anne Renauld. Bernard Georges a pris contact avec la veuve de Léon Jouhaux dès 1954, mais il n'organise réellement des entretiens qu'à partir de 1956. Un premier tome sort, en 1962, sous le titre de Léon Jouhaux, cinquante ans de syndicalisme, suivi en 1979 d'un second ouvrage intitulé Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français.

    Bien que ne faisant plus parti du bureau national du SGEN, Bernard Georges continue à s'intéresser de près aux affaires de la fédération. Il approuve le traitement de la situation dans le milieu enseignant en mai 1968, félicitant le bureau pour son «sang-froid et sa lucidité». En 1969, il est élu au bureau académique de Paris, où il reste jusqu'en 1974. De même, il quitte après quatre ans le conseil de l'Union régionale parisienne où il représentait le SGEN depuis 1970. Enfin, en 1976, il quitte définitivement le SGEN, jugeant qu'il n'est plus en accord avec la nouvelle politique de la fédération, et se consacre à des activités associatives. Il meurt le 26 septembre 1999 à Limoges.

  • Histoire de la conservation :

    Ces archives ont été constituées par Bernard Georges tout au long de ses activités militantes et durant ses recherches historiques. Elles ont été conservées à son domicile par sa famille jusqu'à leur arrivée aux Archives confédérales de la CFDT.

    Les archives de Léon Jouhaux, présentes dans ce fonds, ont été confiées par sa veuve à Bernard Georges, dans le cadre de la rédaction de la biographie du responsable cégétiste.

  • Accroissement :

    Ce fonds est clos. Aucun accroissement n'est à prévoir.

  • Mode de classement :

    Une des particularités de ce fonds réside dans l'absence apparente de classement. Les pièces produites par Léon Jouhaux figuraient parmi des notes manuscrites de Bernard Georges sans autre indication. Cet ensemble documentaire, constitué a posteriori par Bernard Georges, n'était pas présenté dans un ordre chronologique, mais dans une logique thématique qui n'était pas forcément en lien avec celui du contexte de production. Dans la mesure du possible, le classement a été réalisé afin de rétablir une certaine cohérence dans les archives de Léon Jouhaux, en conservant toutefois les thématiques choisies par Bernard Georges. En conséquence, la partie concernant Léon Jouhaux doit se lire en prenant en compte cette particularité.

  • Conditions d’accès :

    Selon le contrat de don établi en avril 2016 : « Le donateur transmet aux Archives de la CFDT la propriété pleine et exclusive du fonds. [...] Le fonds est consultable sans restriction par le donateur et les personnes mandatées par celui-ci. Cette consultation a lieu exclusivement dans la salle de lecture des Archives de la CFDT ».

    Communicable

  • Conditions d’utilisations :

    La reproduction des documents est soumise à la réglementation en vigueur aux Archives confédérales.

  • Autre instrument de recherche :

    CFI/16 : fonds Bernard Georges, affiches électorales

    BZ/4 : bibliothèque de Bernard Georges et Léon Jouhaux

  • Existence et lieu de conservation des originaux :

    Archives confédérales de la CFDT, Paris.

  • Bibliographie :

    Ouvrages de Bernard Georges :

    • GEORGES Bernard, TINTANT Denise, Léon Jouhaux, cinquante ans de syndicalisme , Presse universitaire française, Paris, 1962, 552 p.
    • GEORGES Bernard, TINTANT Denise, RENAULT Marie-Anne, Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français , Presse universitaire française, Paris, 1979, 486 p.

    Ouvrages sur le SGEN :

    • SINGER Madeleine, Histoire du SGEN-CFDT , PUL, Lille, 1987.
    • SINGER Madeleine, Le SGEN. Des origines à nos jours , Editions du Cerf, Paris, 1993, 354 p.
    • SINGER Madeleine, Dictionnaire biographique du SGEN (1937-1968) , CD-Rom édité par les Editions de l'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2004.

    Ouvrages sur le syndicalisme enseignant :

    • GEAY Bertrand, Le syndicalisme enseignant , Paris, La Découverte, 2005, 122p.
    • MOURIAUX René, Le syndicalisme enseignant en France , Paris, PUF, 1996, 127p.

    Ouvrages sur la CGT :

    • DREYFUS Michel, Histoire de la CGT , collection Questions au 20ème siècle, éditions Complexe Eds, 1999, 416 p.

    Webographie :

  • Notes :

    Instrument de recherche complété et introduction rédigée en 2016 par Marie-Eugénie Mougel, archiviste, sous la direction d'Hélène Saudrais, responsable des Archives confédérales de la CFDT.

  • Documents en relation :

    Archives confédérales CFDT :

    • CF/3/6 à CF/3/10 : bulletins et carnets des groupes Reconstruction (1946-1970).
    • CP/14 et CP/24 : archives de Paul Vignaux.
    • CH/2/2, CH/4/68 : relations franco-allemandes entre la CFTC et la Confédération des syndicats chrétiens allemands (1926-1945).
    • CH/5/27- CH/5/28 : relations entre la CFTC et des syndicats européens et d'Amérique du Nord (1955-1956).
    • CH/5/29 : relations entre la CFTC et le syndicat allemand DGB (1955-1956).

    Archives interfédérales CFDT :

    • Fonds FS : archives du Syndicat général de l'Education nationale (SGEN).

    Institut d'histoire social, Montreuil :

    • 2C 1-47 : fonds de la Fédération syndicale mondiale (1945-1979).
    • 54 CFD 1-2 : fonds de la Confédération générale du travail unifiée (CGTU).

    Archives nationales du monde du travail, Roubaix :

    • 34 AS : fonds de l'Association catholique de la jeunesse française (1891-1936).