Fonds Gérard Espéret

  • Présentation du contenu :

    Le fonds retrace la carrière de Gérard Espéret à la Confédération. Il contient notamment de nombreux dossiers sur l'évolution de la CFTC vers la CFDT et de nombreuses circulaires des organisations, particulièrement dans les années quarante. Une large part est accordée à l'activité de Gérard Espéret au sein du secteur Outre-mer, et notamment à ses déplacements en Afrique, qu'il a illustrés par de nombreux clichés photographiques (albums photographiques conservés sous les cotes CP/10/38, CP/10/60 (voir annexe 2) et CP/10/73 et photographies inventoriées au sein de la sous-série CK/8) et comptes rendus de voyages.
    Enfin, une partie du fonds est consacrée à sa correspondance, professionnelle et personnelle, et permet de voir les liens tissés avec les syndicalistes français et étrangers. À ces dossiers s'ajoutent des diapositives (inventoriées, à la suite des photographies, au sein de la sous-série CK/8) et des films (conservés au sein de la sous-série CAV/7) - dont la provenance est inconnue - illustrant notamment les activités de formation de Gérard Espéret et ses voyages sur le continent africain.

  • Date :

    1906-1994

  • Description physique :

    Importance matérielle : 7.95 ml

    Genre/Carac. phys. : papier

  • Cote :

    CP/10/1-CP/10/86 ; CP/35/1-CP/35/19

  • Langue : Française

  • Organisme : Archives CFDT, 47-49 avenue Simon Bolivar, 75019 Paris
  • Origine : Producteur : Gérard Espéret
  • Biographie ou Histoire :

    Gérard Espéret naît le 8 octobre 1907 à Versailles. Il est l'aîné d'une fratrie de six enfants. Issu d'une famille d'imprimeurs, il bouge aux grés des obligations professionnelles de son père. En 1910, la famille déménage pour Coutances dans la Manche, où son père décide d'ouvrir une imprimerie diocésaine, qu'il doit abandonner brutalement avec le déclenchement de la première Guerre mondiale. Gérard Espéret termine ses études à l'âge de 14 ans avec l'obtention d'un certificat d'études primaires. Il débute dans le monde du travail en tant qu'apprenti mécanicien dans une coopérative agricole. Alors que son père rachète une imprimerie à Tonneins, il intègre l'entreprise paternelle comme conducteur et réparateur de monotype. Malheureusement, l'imprimerie familiale croule sous les dettes et oblige une nouvelle fois la famille Espéret à déménager pour trouver du travail, à Paris d'abord puis à Strasbourg. Là, le jeune Gérard Espéret intègre une entreprise de fabrication de machines à écrire avant de travailler dans une horlogerie, améliorant durant ces années ses connaissances en mécaniques et en fonte des métaux. Après son service militaire à Toul, il part pour Saint-Lô où il occupe un poste de mécanicien durant 5 ans.

    Ses parents, catholiques pratiquants, militaient au Sillon. Il est de ce fait, sensible aux mouvements chrétiens ouvriers et intègre la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). En 1931, il est désigné secrétaire de la section de Saint-Lô et délégué à la propagande. En 1933, son installation à Cherbourg coïncide avec sa découverte du syndicalisme et son adhésion à la CFTC. Il devient alors permanent de l'union locale CFTC et mène différentes activités de développement des structures syndicales professionnelles: recréation d'un syndicat de la métallurgie en 1934 (dont il est secrétaire jusqu'en 1939), création d'un syndicat du bâtiment en 1935 et relance du syndicat de l'arsenal de Cherbourg. Il permet également la création d'un secrétariat populaire et d'un service de placement, ainsi que la mise en place du contrôle et du paiement à domicile des assurances sociales entre 1933 et 1939. Il participe enfin au comité d'aide aux chômeurs de la ville.

    Profitant de l'impulsion militante lancée par les grèves de 1936, il réussit à relancer l'Union départementale de la Manche dont il est le secrétaire jusqu'en 1939. Remarqué par Pierre Botton, secrétaire générale de la métallurgie, il se laisse convaincre en 1939 de se rendre à Paris pour devenir permanent de la métallurgie parisienne. Ayant maintenu les liens avec ses camarades de la section JOC, il profite de leurs connaissances pour alimenter ses réflexions sur la politique de la CFTC à l'égard de la classe ouvrière. Entré à l'Ecole normale ouvrière (ENO), il y fait la rencontre de Paul Vignaux avec qui il sympathise.

    Mobilisé en 1939, la débâcle en 1940 met un terme à son engagement militaire. Il s'installe en région parisienne et prend la tête, fin 1940, de l'école nationale de formation des cadres située à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) puis à Montry (Seine-et-Marne), qu'il quitte en octobre 1944. Les pressions et les menaces de l'autorité allemande ayant raison de son engagement, il préfère céder sa place. Il n'abandonne pas pour autant sa démarche militante. Reconnu pour ses qualités de pédagogues et de formateur, il est rappelé par la JOC. Gérard Espéret intègre l'université populaire de Marly-le-Roi et, avec l'aide du père Lebret, et avec le soutien de la CFTC, du Mouvement populaire des familles (MPF), et de la JOC, il fonde en 1945 l'Institut de culture ouvrière (ICO). Il participe également à l'organisation de la revue Economie et Humanisme.

    En 1947, fort de son expérience passée dans le domaine, il est élu secrétaire général adjoint à la CFTC en charge de la formation et de la propagande. Il joue alors un rôle clé de médiateur dans la crise naissante entre mouvance minoritaire (Reconstruction) et majoritaire. Ainsi en 1948, il fait partie de la Commission des 21 dont l'objectif est de définir une charte des droits et devoirs de la minorité au sein de la CFTC. En parallèle de son mandat confédéral, il participe aussi à la fondation de la nouvelle Action Catholique en 1950-1951, alors que le MPF est en pleine réflexion sur la déconfessionnalisation du mouvement.

    Durant ces mêmes années, en accord avec ses convictions chrétiennes, il s'intéresse plus particulièrement à la question coloniale. Partisan de l'égalité syndicale, il participe à la mise en place à la CFTC de la Commission confédérale de l'Outre-mer. Mais, contrairement à André Paillieux qui rejetait toute forme d'autonomie syndicale, Gérard Espéret milite quant à lui tout au long de sa vie pour une indépendance des syndicats des anciennes colonies françaises. Il prend la tête du Secrétariat à l'Outre-mer et y consacre la majeure partie de sa carrière. Il travaille avec le juriste Jean-Paul Murcier, à la préparation d'un code du travail de l'Outre-mer, adopté par le Parlement le 15 décembre 1952. Il participe également au dossier de défense des droits des travailleurs immigrés en métropole au sein de la Commission des problèmes de main d'œuvre nord-africaine, dirigée par Simone Troisgros. Homme de terrain, il réalise de nombreux voyage en Afrique afin de soutenir la création de syndicats indépendants à la CFTC. Ainsi, lors du congrès de 1955, il propose avec succès un rapport en faveur de l'autonomie des syndicats africains par rapport aux confédérations françaises. Fort de ce soutien, et alors que s'amorce un peu partout les mouvements de décolonisation, il crée des Unions syndicales nouvelles entre Dakar et Brazzaville. En 1957, il apporte ses compétences à la fondation de cinq structures autonomes: confédérations d'Afrique équatoriale française, d'Afrique occidentale française, du Cameroun, de Madagascar et du Pacifique. Il fait en sorte qu'elles adhèrent directement à la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC), à jeu égal désormais avec la CFTC qui en fait également partie. Cela ne signifie pas pour autant que ces organisations rompent tous liens avec la Centrale chrétienne; elles collaborent désormais par le biais du Conseil des organisations syndicales françaises (COSUF), dont Gérard Espéret est délégué général. En leur offrant ses compétences de formateur, il permet aux jeunes militants africains d'accompagner l'indépendance de leur pays et la poursuite des revendications syndicales de manière fluide.

    Entre 1953 et 1958, il est élu membre du Conseil supérieur des affaires sociales d'Outre-mer et il devient également membre en 1962 du Comité économique et social des Communautés européennes, puis de 1970 à 1974, expert au Comité économique et social de la CEE pour les problèmes de développement. En 1960, il crée l'Institut syndical de coopération technique international (ISCTI), qui devient en 1984 l'Institut Belleville, chargé d'accompagner la formation et la coopération entre les organisations africaines. Très critique à l'encontre de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL), qu'il juge trop proche des intérêts américains pour aider convenablement les pays pauvres, Gérard Espéret préfère soutenir l'action de la CISC, dont les valeurs chrétiennes lui semblent en adéquation avec cette mission d'aide au développement.

    Parallèlement au dossier Outre-mer, il continue à vouloir favoriser le rapprochement entre minoritaires et majoritaires. Il poursuit ce travail d'accompagnateur en 1961 en devenant président de la Commission confédérale d'évolution, chargé de désamorcer le conflit et d'accompagner la transformation de la Confédération. Il est chargé, en 1963, de présenter en congrès le rapport préparatoire au congrès extraordinaire de 1964 et à la naissance de la CFDT. Car, malgré son attachement aux valeurs chrétiennes il pense que la Centrale doit savoir évoluer afin d'éviter une destruction du mouvement. Une fois ce travail terminé (il participe au groupe de travail idéologique jusqu'en 1967), il quitte ses responsabilités confédérales, mais reste toutefois responsable de l'ISCTI jusqu'en 1970. Il décède à l'âge de 88 ans, le 22 octobre 1995.

  • Histoire de la conservation :

    Ces archives ont été conservées par Gérard Espéret à son domicile jusqu'à sa mort, avant d'être transférées au domicile de son fils à Barneville. Elles se trouvent aujourd'hui aux Archives confédérales de la CFDT.

  • Accroissement :

    Le fonds Gérard Espéret est clos. Aucun accroissement n'est à prévoir.

  • Conditions d’accès :

    Dans le cas de fonds personnels d'anciens responsables CFDT, c'est le contrat de don ou de dépôt, signé par le producteur et/ou le dépositaire, qui définit les règles de communication. Le fonds Gérard Espéret ne disposant pas de contrat signé, les délais de communication appliqués se calquent sur ceux des archives confédérales. Les cahiers de voyages et les photographies, respectivement inventoriés au sein des sous-séries CP/35 et CK/8 (articles 1 à 14), ont fait l'objet d'un contrat de don en 2020 et sont communicables sans restriction.

    Communicable

  • Conditions d’utilisations :

    La reproduction des documents de ce fonds est soumise à la réglementation en vigueur aux Archives confédérales. En ce qui concerne les clichés photographiques, le fait de mentionner «Archives CFDT» en tant qu'organisme prêteur, n'exonère pas le lecteur de son obligation de rechercher et de créditer les auteurs et/ou ayants droit des œuvres sous droits. (Cf. article L122-4 du code de la propriété intellectuelle interdisant toute utilisation, représentation ou reproduction sans l'accord de l'auteur ou de ses ayant-droits). La CFDT se dégage de toute responsabilité en cas de non-respect de ces conditions.

  • Caractéristiques matérielles et contraintes techniques :

    Présence de photographies sur tirage papier, de diapositives couleurs et de bobines de film.

  • Autre instrument de recherche :

    BZ/6 : bibliothèque de Gérard Espéret

    CK/8 : documents figurés du fonds Gérard Espéret

    CAV/7 : documents audiovisuels du fonds Gérard Espéret

     

     

     

     

     

  • Existence et lieu de conservation des originaux :

    Archives confédérales de la CFDT, Paris.

  • Bibliographie :

    Ouvrage de Gérard Espéret

    • ESPÉRET Gérard, Essai sur la réforme de l'entreprise , Éditions Ouvrières, 1946, 36 p.
    • ESPÉRET Gérard, «Au Cameroun sur les traces de James Moukoko», in Syndicalisme , janvier-mai 1949.

    Ouvrage sur Gérard Espéret

    • GEORGI Franck, «ESPÉRET Gérard, Marie, François, Auguste, Louis», in Maitron, dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social de 1940 à mai 1968 , tome 5, Éditions de l'Atelier, Paris, 2009, 462 p.

    Ouvrages sur la CFDT

    • BRANCIARD Michel, Histoire de la CFDT , Editions La Découverte, 1990.
    • GEORGI Franck, L'invention de la CFDT , Les Éditions de l'Atelier/CNRS Éditions, Paris, 1995

    Ouvrages sur le syndicalisme africain

    • BLUM Françoise, «Syndicalistes croyants et panafricains: réseaux des années 60», in Vingtième Siècle , numéro 119, Fondation nationale des sciences politiques, 2013, pp. 99-112.
    • MVENG E., Histoire du Cameroun , Présence Africaine, Paris, 1963, 535 p.
    • MEYNAUD Jean, SALAH-BEY Anisse, Le syndicalisme africain , Payot, Paris, 1963, 260 p.
    • NGONGO Louis, Histoire des forces religieuses au Cameroun , Karthala Éditions, 1982, 298 p.
  • Notes :

    Instrument de recherche établi par Louisette Battais et complété par Marie-Eugénie Mougel - en 2015 - puis Florence Garel - en 2020 -, archivistes, sous la direction d'Hélène Saudrais, responsable des Archives confédérales de la CFDT.

  • Documents en relation :

    Archives confédérales, CFDT

    • CBA/1/25: congrès extraordinaire confédéral, Paris, Issy-les-Moulineaux, 6-7 novembre 1964 (enregistrement sonore).
    • CBA/1/44-CBA/1/45: 20ème congrès fédéral de la Fédération nationale des syndicats du personnel des industries électriques et gazières, Issy-les-Moulineaux, 22 octobre 1964 (Enregistrement sonore).
    • CBA/2/1-CBA/2/3: interview de Gérard Espéret (enregistrement sonore).
    • CBA/2/109-CBA/2/112: interview de Gérard Espéret (enregistrement sonore).
    • CED/1, CEE/1: photographies des responsables CFDT.
    • CEE/4: photographies des sessions de formation.
    • CEE/6: photographies des actions syndicales.
    • CEE/10: photographies thématique "International".
    • CG/1/1: 1er-21ème congrès confédéraux (1920-1945).
    • CG/1/2: 22ème congrès confédéral (8-10 juin 1946, Paris).
    • CG/1/26: 32ème congrès confédéral (13-16 juin 1963, Issy-les-Moulineaux).
    • CG/1/38: 34ème congrès confédéral (9-12 novembre 1967, Issy-les-Moulineaux).
    • CG/1/66: 38ème congrès confédéral (8-12 mai 1979, Brest) (Signature "Reconstruire l'espoir").
    • CH/4/62: sessions et conférences de l'Organisation internationale du travail (OIT).
    • CH/4/146, CH/5/168, CH/5/171-CH/5/175: relations avec l'Afrique Noire.
    • CH/4/147, CH/5/169-CH/5/170: relations entre la Confédération et l'Union territoriale des syndicats CFTC Sénégal-Mauritanie.
    • CH/4/148: relations avec les syndicats CFTC de Côte d'Ivoire et du Dahomey.
    • CH/4/149: relations avec les syndicats CFTC en Afrique occidentale française (AOF).
    • CH/4/150, CH/4/152, CH/5/167: relations avec les syndicats CFTC en Afrique Equatoriale Française (AEF).
    • CH/4/151: relations avec les syndicats CFTC du Cameroun.
    • CH/4/153, CH/5/176, CH/6/227-CH/6/228: relations avec les syndicats CFTC de Madagascar.
    • CH/4/154-CH/4/155, CH/5/164-CH/5/166, CH/6/216-CH/6/218: relations avec les syndicats CFTC des DOM-TOM
    • CH/4/156: relations avec l'Union générale des travailleurs de Tunisie (UGTT).
    • CH/4/157: relations avec l'Union départementale CFTC d'Alger.
    • CH/4/158: relations avec l'Union marocaine des syndicats chrétiens.
    • CH/5/26: dossiers sur l'entreprise.
    • CH/5/37: relations avec la Confédération vietnamienne des travailleurs chrétiens (CVTC).
    • CH/5/177-CH/5/178: relations avec la Confédération chrétienne des syndicats malgaches (CCSM) et les autres syndicats chrétiens CFTC de Madagascar.
    • CH/5/186: participation à l'université ouvrière africaine de Lomé (Togo) organisée par la CISC du 9 au 27 janvier 1956.
    • CH/5/187: représentation de la CFTC aux réunions de la Caisse centrale de la France d'Outre-mer.
    • CH/5/188: relations entre le service Outre-mer et l'Union générale des travailleurs d'Afrique noire (UGTAN).
    • CH/5/189: représentation de la CFTC aux réunions de la commission d'experts du Bureau international du travail (BIT) pour la politique sociale dans les territoires non métropolitains.
    • CH/6/6: activité du Secrétariat général (1958-1961).
    • CH/6/7: la CFTC et Alger.
    • CH/6/219-CH/6/225, CH/6/226, CH/7/680: relations avec les syndicats CFTC d'Afrique noire.
    • CH/6/239: participation à la réintégration des français d'Outre-mer et d'Afrique du nord.
    • CH/7/619-620: relations entre Gérard Espéret, responsable de l'Institut syndical de coopération technique international (ISCTI) et la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC).
    • CH/7/621: représentation de la CFTC au conseil de la Confédération internationale des syndicats chrétiens (CISC).
    • CH/7/631: participation de la CFDT au 15ème congrès de la CISC sur le thème " Avec la CISC pour un monde plus juste et plus libre " à Liège les 10-13 juin 1964.
    • CH/7/676: relations avec la Confédération chrétienne des syndicats malgaches (CCSM).
    • CH/7/677: relations avec l'Union départementale des syndicats CFDT de la Réunion.
    • CH/7/681: relations avec les syndicats de pays d'Afrique noire et du Pacifique.
    • CH/7/696: relations entre la CFDT, la CISC et les syndicats de pays d'Afrique noire.

    Archives départementales de la Manche

    • 9 Fi 405-9 Fi 407: fonds Léon Sarot. Photographies sur plaque de verre de Gérard et Geneviève Espéret enfants (1912).