Fonds Pierre Jeanne

  • Présentation du contenu :

    Ce fonds revient sur les positions de la CFTC durant la guerre, notamment en ce qui concerne la Charte du Travail, et l'action de la mouvance minoritaire entre 1948 et 1956.

  • Date :

    1941-1956

  • Description physique :

    Importance matérielle : 0.08 ml

    Genre/Carac. phys. : papier

  • Cote :

    CP/9/1-CP/9/7

  • Langue : Française.

  • Organisme : Archives CFDT, 47-49 avenue Simon Bolivar, 75019 Paris
  • Origine : Producteur : Pierre Jeanne.
  • Biographie ou Histoire :

    Pierre jeanne nait le 19 septembre 1920 à Rouen. Il grandit dans une famille catholique pratiquante, ce qui se ressent durant sa scolarité et l'accompagne toute sa vie. Passé par le petit séminaire, il devient en 1938 apprenti-traceur après avoir obtenu son CAP. Durant cette période, il assiste aux grèves de 1936 et constate la puissance du patronat des chantiers navals. Ces évènements le marque profondément et conditionne son engagement militant. C'est ainsi qu'en 1936, il choisit d'adhérer à la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), et participe activement à l'organisation de son congrès national l'année suivante.

    En 1938, les violentes manifestations contre le décret-loi Reynaud et son rejet du communisme le poussent à entrer à la CFTC. Cependant, le décès brutal de son père en 1940 l'oblige à se concentrer davantage à l'entretien de son jeune frère et de ses deux sœurs, limitant son engagement syndical. De plus, sa convocation au Service du travail obligatoire (STO) en 1942, a pour conséquence de l'éloigner de sa famille puisqu'il est envoyé aux chantiers navals de Dantzig. Refusant de travailler au service du gouvernement nazi, il profite d'une permission en France l'année suivante pour fuir et se cacher en France jusqu'à la fin de la guerre. En 1945, il entre comme employé au Magasin général. En parallèle de son travail, il milite à la fois pour la JOC (dont il est président général jusque 1947) et la section d'entreprise CFTC (délégué du personnel, membre du Comité d'entreprise puis secrétaire du syndicat).

    En 1948, il est élu membre du bureau de l'Union départementale de Seine Inférieure, où Gérard Espéret le charge de la formation, d'abord au niveau local, puis régional grâce aux Écoles normales ouvrières (ENO). En 1950, il devient secrétaire de l'Union régionale des syndicats de la métallurgie puis secrétaire de l'Union départementale. Ce n'est qu'en 1953 qu'il est désigné comme permanent de l'Union départementale et l'Union régionale.

    Au sein de la Confédération, Pierre Jeanne apparaît comme un homme pragmatique; par exemple, s'il est en désaccord avec l'idéologie de la CGT, il se prononce toutefois pour l'unité d'action. De même, s'il est un catholique pratiquant, son souci d'ouverture de la Centrale l'amène à militer pour la déconfessionnalisation au sein de la mouvance minoritaire de Reconstruction. Jouant un rôle clé dans le développement du mouvement, il fait partie du "bureau provisoire de la tendance" lorsqu'éclate la crise de la CFTC de 1952. En 1953, il devient membre de la délégation permanente du Comité de vigilance syndicaliste.

    Durant la seconde moitié des années cinquante, il décide de s'investir davantage dans la vie de la Fédération de la métallurgie, selon une requête d'Eugène Descamps. Il entre donc au Bureau fédéral en 1958. En 1960, alors que la Confédération amorce l'évolution de sa structure, il intègre la Commission chargé de réfléchir à l'évolution de la CFTC et d'accompagner en douceur la transition vers la déconfessionnalisation. Pierre Jeanne se charge de présenter le rapport final au Congrès de la métallurgie, acquise en grande partie aux propos des minoritaires.

    Entre 1959 et 1965, il est membre du conseil confédéral; durant son mandat, il vote pour la réintroduction des termes "humanisme chrétien", qu'il rejetait auparavant, dans les nouveaux statuts. Son objectif est clair: éviter une scission trop brutale et garder la cohésion entre les militants se revendiquant du syndicalisme chrétien et les soutiens des "réformateurs". Au cours de l'année 1964, il intègre le groupe de travail d'idéologie confédérale, chargé de définir l'orientation de la nouvelle CFDT.

    Peu engagé au niveau politique, il souhaite éviter une démarche partisane qui risque selon lui de nuire à son engagement syndical. Toutefois, la découverte en 1971 des théories autour du concept de socialisme démocratique le convainquent d'adhérer au Parti socialiste.

    Une fois son mandat achevé au conseil confédéral, il décide de ne pas se représenter, estimant avoir accompli sa mission de laïcisation de la Confédération. Il devient membre en 1965 du Conseil d'administration de l'Institut syndical de coopération technique internationale (ISCTI, devenu en 1984 l'Institut Belleville), mis en place par Gérard Espéret afin d'accompagner la formation syndicale des militants africains. Un temps membre du Conseil d'administration de l'Institut des Sciences sociales du travail (ISST), il quitte ses fonctions de secrétaire général de la Fédération de la métallurgie fin 1968 pour prendre des responsabilités régionales en Haute-Normandie. Durant trois ans, il travaille au sein d'un centre social du quartier de la Sablières afin de venir en aide aux familles en marge de la société (alphabétisation, aide au logement). Fort de cette expérience, Pierre Jeanne est recruté au sein du Comité régional de défense contre l'alcoolisme. Rappelé en 1970 au Bureau national de la CFDT au titre de représentant de région, il s'éteint le 1er novembre 1995 à La Neuville-Chant d'Oisel.

  • Histoire de la conservation :

    Ce fonds est conservé au service des Archives confédérale de la CFDT.

  • Accroissement :

    Ce fonds est clos. Aucun accroissement n'est à prévoir.

  • Mode de classement :

    Une première version de l'inventaire rassemblait au sein d'une même cote des sous-dossiers aux typologies et thèmes très différents. Lors de la mise à jour de l'instrument de recherche, il a été décidé d'appliquer une cote par sous-dossiers, afin de dégager pour chacun une thématique bien précise.

  • Conditions d’accès :

    Dans le cas de fonds personnels d'anciens responsables CFDT, c'est le contrat de don ou de dépôt, signé par le producteur et/ou le dépositaire, qui définit les règles de communication. Le fonds Pierre Jeanne ne disposant pas de contrat signé, les délais de communication appliqués se calquent sur ceux des archives confédérales.

  • Conditions d’utilisations :

    La reproduction des documents de ce fonds est soumise à la réglementation en vigueur aux Archives confédérales.

  • Existence et lieu de conservation des originaux :

    Archives confédérales de la CFDT, Paris.

  • Bibliographie :

    Ouvrages sur Pierre Jeanne

    • BATTAIS Louisette, GEORGI Franck, «JEANNE Pierre», in L e Maitron, dictionnaire biographique mouvement ouvrier mouvement social de 1940 à mai 1968 , tome 6, Editions de l'Atelier, Ivry-sur-Seine, 2010, 462 p.
    • LANNES Jean, En souvenir de Pierre Jeanne , notice biographique, 1996, 30 p.

    Ouvrages sur la Fédération de la Métallurgie

    • GEORGI Franck, Soufflons nous-même notre forge. Une histoire de la Fédération de la métallurgie CFTC-CFDT 1920-1974 , Éditions Ouvrières, 1991.
    • FENARD (sous la direction de BLANC-CHALEARD Marie-Claude, BLEVIS Laure), La fédération métallurgie CFDT face aux mobilisations des travailleurs immigrés de 1964 à 1981 , mémoire de recherche, Université Paris ouest-Nanterre La Défense, 2010, 92 p.

    Ouvrages sur la CFTC-CFDT

    • ADAM Gérard, La CFTC 1940-1958. Histoire politique et idéologique , Armand Colin 1964.
    • BRANCIARD Michel, Histoire de la CFDT. 70 ans d'action syndicale , La Découverte, 1990.
    • GEORGI Franck, L'invention de la CFDT 1957-1970 , Editions de l'Atelier/CNRS, 1995.

    Ouvrages sur la mouvance minoritaire

    • GARICOÏX Michel (sous la direction de M. REMOND), De la CFTC à la CFDT "Reconstruction" , mémoire de maîtrise, 1972, 170 p.
    • VIGNAUX Paul, MAIRE Edmond, De la CFTC à la CFDT : syndicalisme et socialisme Reconstruction (1946-1972) , Éditions Ouvrières, 1980, 216 p.
  • Notes :

    Instrument de recherche complété et introduction rédigée en 2015 par Marie-Eugénie Mougel, archiviste de l'unité Documentation-Archives, sous la direction d'Hélène Saudrais, responsable des Archives confédérales de la CFDT.

  • Documents en relation :

    Archives confédérales, CFDT

    • CBA/2/76-CBA/2/79: interview de Pierre Jeanne réalisée en mars 1987 (enregistrements sonores).
    • CE/1: fonds photographiques.- Portraits de responsables syndicaux.
    • CG/1/26: 32ème Congrès confédéral (13-16 juin 1963, Issy-les-Moulineaux).
    • CH/6/109: dossiers du secteur Politique sur l'évolution de la CFTC et sur l'histoire du syndicalisme chrétien (1957-1961).
    • CH/6/115: relations entre la Confédération et la Fédération de la Métallurgie (1957-1960).
    • CP/8/1-CP/8/3: activités du mouvement Reconstruction et de la minorité CFTC (1946-1957).

    Archives interfédérales, CFDT

    • FBA/4/206: René Careme, Pierre Jeanne, André Acquier, Bernard Poirier, Alfred Moutet, Joseph Rose et Bernard Loiseau jouant à la pétanque et discutant; 88 x 88 mm ; Non identifié ; (6 photos)
    • FBA/4/306: photos d'André Acquier, Michel Bourset, Georges Braud, Roger Briesch, Jacques Dezeure, Bernard Espel, Jean-Louis Foucault, Marie-Annick Garault, Christian Guille, Pierre Jeanne, Jean Lannes, Jean Lapeyre, Jean-Marc Leduc, Jean Limonet, Michel Marti.
    • FB/1/53: mise en place d'un Comité de Vigilance Syndicaliste suite aux positions confédérales de septembre 1953.
    • FB/1/100: union métaux Normandie (Calvados, Manche, Eure, Orne, Seine-Maritime).
    • FJA/1/150: portraits de militants en 1987.