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Organisme responsable de l'accès intellectuel
Importance matérielle
Caractéristiques physiques
Origine
Biographie ou Histoire
Georges Levard est né le 24 mars 1912 à Paris dans le XVIe arrondissement. Il est l'aîné d'une fratrie de quatre enfants, élevée dans un milieu catholique pratiquant. Son père, Eugène Levard, est ébéniste, et sa mère Angèle Dralet est femme au foyer. Rapidement, la famille part s'installer à Neuilly-sur-Seine. Là, Georges Levard effectue ses études élémentaires dans une école publique, avant de passer le concours des bourses lui permettant de suivre des cours supplémentaires. Malheureusement, son père décède des suites de maladie en 1926, l'obligeant à abandonner les études pour travailler. A l'âge de 14 ans, il entre comme apprenti dessinateur chez Kellner, entreprise spécialisée dans la carrosserie automobile. En parallèle, il profite des cours du soir dispensés par la chambre syndicale de la carrosserie. Son apprentissage et ses capacités intellectuelles lui permettent d'intégrer le Conservatoire nationale des arts et métiers (CNAM). C'est à la même époque qu'il rencontre Paul Roze et s'engage au sein des scouts catholiques d'Antony. Ce mouvement, mais surtout sa branche ainée «La Route», marque profondément Georges Levard dans sa réflexion sur le brassage social et de collaboration des classes.
En 1930, il prend sa carte à la CFTC tout en militant au sein des Jeunesses syndicalistes chrétiennes (JSC) alors animé par Maurice Bouladoux. Il effectue son service militaire dans le 5ème régiment du Génie de Versailles. Il perpétue également son engagement scout en devenant animateur pour le mouvement. Cependant, ses actions au sein de la CFTC, de plus en plus prenantes, l'obligent à abandonner son activité scoute afin de se consacrer entièrement au syndicalisme. En 1935, il est élu au conseil de son syndicat, puis, après les grèves de 1936 et l'avènement du Front Populaire, il devient secrétaire général adjoint de la Fédération des employés (1936-1945). Il intègre également le Conseil national économique, où il se charge avant tout des questions de développement de l'organisation. En 1939, il est mobilisé et part pour le front à Dunkerque, où il est capturé par l'armée allemande. Transféré de camps en camps en Allemagne, il ne regagne finalement la France qu'en 1945, après avoir transité par l'Union soviétique.
Reprenant son activité syndicale, il devient dès août 1945 secrétaire général de l'Union des syndicats chrétiens d'employés, techniciens et agents de maîtrise de la région parisienne, avec pour principale mission d'aider la structure à se reconstruire au sortir de la guerre. Il est également vice-président, puis vice-président d'honneur de la Fédération des employés et entre à ce moment au conseil confédéral. En parallèle, il est élu conseiller prud'homal. En octobre 1947, il est nommé secrétaire général adjoint chargé des questions économiques et de l'habitat auprès de Gaston Tessier et Maurice Bouladoux. L'apparition de la mouvance minoritaire en 1945 et la crise qui s'ensuit éprouvent durablement Georges Levard et menace sa place au sein de la Confédération. Il fait alors partie de la mouvance majoritaire défendant un syndicalisme chrétien; mais, contrairement à Maurice Bouladoux plutôt dans la négociation et l'apaisement, Georges Levard est davantage critique vis-à-vis des partisans de la déconfessionnalisation. Remplaçant en 1953 Maurice Bouladoux (devenu président la CFTC) au poste de secrétaire général, il attaque violemment les minoritaires, les accusant de renier l'essence de la "morale sociale chrétienne" au profit d'une idéologie marxiste. Son intransigeance le rend très impopulaire au sein de la minorité et au congrès de 1957, une partie des militants réclame sa démission immédiate. Afin d'apaiser la situation, il suit les conseils de Maurice Bouladoux et accepte un compromis afin d'éviter la rupture totale entre les militants. De ce fait, une partie des représentants de la mouvance minoritaire est acceptée à la direction. Toutefois, son éviction du poste de secrétaire général reste, pour les partisans de la déconfessionnalisation, une condition indispensable à la restructuration.
Les choses s'accélèrent en 1961 lorsque Georges Levard prend la place de Maurice Bouladoux à la direction de la CFTC, tandis que le poste de secrétaire général est récupéré par Eugène Descamps, un des leaders de la mouvance minoritaire. Désormais isolé et n'ayant que peu de pouvoir, Georges Levard ne peut jouer un véritable rôle dans l'organisation du congrès de 1964 et dans la transformation de la CFTC. Il accompagne toutefois le mouvement, au nom de l'unité et afin de respecter les principes d'ouverture et de "fraternité", qu'il a toujours revendiqués. Mais par la suite, il regrette ouvertement l'abandon du sigle CFTC, qui est pour lui indissociable de l'âme de l'organisation. Il adopte une ligne plus dure, et critique par ailleurs l'unité d'action avec la Confédération générale du travail voulue par Eugène Descamps à partir de 1966. Dans sa pensée politique, Georges Levard se définit comme modéré, proche des démocrates-chrétiens et du gaullisme social, et ouvertement anti-communiste. Par conséquent, une association à la CGT signifie pour lui une adhésion à l'idéologie du Parti communiste français. Ainsi, il préfère remettre sa démission en 1967, arguant que le tournant politique de la lutte syndicale profite avant tout au PCF. Sa décision, relayée très vite par la presse nationale, fait l'effet d'un coup de tonnerre dans la sphère publique. Malgré son attachement à la Confédération, il avoue alors ne plus trouver sa place dans l'organisation où il estime avoir été mis à l'écart. S'il avoue se sentir plus proche des militants de la CFTC maintenue, il estime être resté fidèle à la CFDT par sens du devoir.
A partir de cette date, on sent peu à peu une rupture s'accomplir entre les convictions de Georges Levard et la direction de la CFDT. Une illustration de ce désaccord est visible lors de la campagne de l'élection présidentielle de 1969: alors que la Confédération appelle à barrer la route à Georges Pompidou, Georges Levard choisi de le soutenir publiquement, lui qui a toujours été un de ses plus proches amis.
L'impossibilité de Georges Levard d'appliquer sa réflexion militante lors de ses mandats de responsable ne doit pas occulter ses responsabilités à d'autres postes. Il a, entre autre, été membre du Comité national de la productivité à partir de 1950, membre du Conseil supérieur ou encore de la Commission des comptes de la nation (1958-1969). Nommé de 1966 à 1970 en "service extraordinaire" à la section sociale du Conseil d'Etat, il est également délégué général de la Fondation médicale française à partir de 1969. On retiendra surtout son engagement au Conseil économique dès 1947, où il assure le secrétariat du groupe CFTC avant d'être élu questeur de 1951 à 1956. Il y siège ensuite sans interruption entre 1959 et 1969, occupant même le poste de vice-président. Malgré sa démission de la CFDT, il continue à participer au CES qui souhaite profiter de son expérience et de ses capacités; et ne quitte ses fonctions qu'à l'âge de 77 ans. Son retrait de la vie syndicale ne signifie pas pour autant l'abandon de toute activité: appelé à participer à des commissions diverses sur des sujets de société, il s'investit dans la rédaction de rapports et d'études pour le gouvernement. Il participe également à la vie associative dans son village de Turenne, où il décède en 2010.
Histoire de la conservation
Ce fonds est conservé aux Archives confédérales de la CFDT.
Modalités d'entrées
En l'absence de contrat de don ou de dépôt, il est impossible de savoir quand et dans quelles circonstances ce fonds est arrivé aux Archives confédérales.
Présentation du contenu
Le fonds Georges Levard se compose de trois dossiers établis durant son mandat à la CFDT. Y sont évoqués l'évolution de l'organisation de la CFDT et la guerre d'Algérie. Le dernier document résume les différents conflits qui ont pu agiter les organisations membres de la CFTC, notamment les fédérations. La consultation de la correspondance de Georges Levard dans le fonds des archives anciennes du secrétariat confédéral (1872-1970) permet de compléter ces dossiers (CH/6/49-54).
Accroissements
Ce fonds est clos, même si un accroissement n'est pas à exclure.
Conditions d'accès
Dans le cas de fonds personnels d'anciens responsables CFDT, c'est le contrat de don ou de dépôt, signé par le producteur et/ou le dépositaire, qui définit les règles de communication. Le fonds Georges Levard ne disposant pas de contrat signé, les délais de communication appliqués se calquent sur ceux des archives confédérales.
Conditions d'utilisation
La reproduction des documents de ce fonds est soumise à la réglementation en vigueur aux Archives confédérales.
Langue des unités documentaires
Existence et lieu de conservation des originaux
Archives confédérales de la CFDT, Paris.
Documents en relation
Archives confédérales, CFDT
Archives interfédérales, CFDT
Archives nationales du monde du travail, Roubaix
Bibliographie
Ouvrages de Georges Levard
Ouvrages sur Georges Levard
Ouvrages sur la CFTC/CFDT
Notes
Instrument de recherche complété et introduction rédigée en 2015 par Marie-Eugénie Mougel, archiviste de l'unité Documentation-Archives, sous la direction d'Hélène Saudrais, responsable des Archives confédérales de la CFDT
Mots clés personnes
Mots clés producteurs
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